L'histoire d'un pays est présente dans les livres des historiens, plus ou moins impartials. Ces historiens s'appuyent notamment sur les archives pour écrire leurs ouvrages. Mais en Lorraine, on se demande bien où sont passées toutes nos archives qui datent de l'époque de l'indépendance, puisque comme nous le savons François III a amené les archives ducales avec lui en Autriche. En réalité, ce n'est pas si simple, je me propose d'éxpliquer brièvement ce que sont devenues les archives de la Lorraine indépendante, pour cela je m'appuye sur un article de Stéphane Gaber paru dans la RLP n° 59, p256,257.
Déjà, commençons par rappeler que la majorité des archives ducales se trouvent aux archives de Meurthe-et-Moselle, mais tout ce qui appartient aux archives ducales de Lorraine et de Bar ne s'y trouve pas.
Déjà au cours du XVII
ème siècle, les Français prirent possession des archives ducales pour tenter de faire valoir des droits sur la Lorraine (démontrer pour chaque lieu qu'il avait appartenu à l'un des Trois Evêchés dans le but de rattacher ces lieux à la France), cela envoya donc une bonne partie des archives à Metz. Quand le Duc Léopold rentra en Lorraine en 1698, les archives lui revinrent, cependant une partie resta à Metz.
Je ne reviens pas sur les événements du règne de Franços III (ce n'est pas le sujet ici), quand celui-ci renonça à la Lorraine, le sort des archives ducales fut discuté et réglé dans la convention du 28 août 1736 annexée au troisième traité de Vienne :
- Citation :
- Les papiers et chartres concernant les duchés de Lorraine et de Bar seront remis au roi, beau-père de SMTC, dans le temps de la prise de possession, mais ceux proprements dits de famille, comme contrats de mariage, testaments ou autres seront ou laissés ou consignés, à la disposition de SA de Lorraine, en quelque lieu qu'ils se trouvent, et l'on se donnera réciproquement copie en forme de ceux qui pourront être communs.
Après le départ de la Duchesse douairière Elisabeth Charlotte, le château de Lunéville fut vidé, y compris de ses archives. François III chargea un certain Molitoris de prendre tous les documents concernant la dynastie ducale, mais en plus celui-ci emporta des archives intéressant "
l'administration du Duché, les affaires civiles, religieuses et militaires", dépassant donc ce que prévoyait la convention.
Du côté des Français, on s'intéressait beaucoup aux archives demeurées en Lorraine, ce qui explique que bon nombre de documents furent envoyés à Paris dans la
collection de Lorraine de la Bibiliothèque nationale(sept cents volumes in-folio).
Les archives emportées par François III furent tout d'abord envoyées à Florence, où Jean-François Thiery entreprit de réaliser un inventaire qui restera inachevé, et à une date inconnue les documents furent envoyés à Vienne (vers 1760?). A la fin du XIX
ème siècle ces archives n'intéressaient guère les historiens autrichiens, au contraire des historiens lorrains, qui en période de
lotharingisme commençaient à s'intéresser à cette histoire.
A la suite de la Première Guerre Mondiale, au contraire des Belges et des Italiens (qui obtinrent satisfaction) la France ne demanda pas le retour des archives concernant son pays (même si ces archives ne concernaient que la Lorraine). C'est la
Société d'Archéologie Lorraine qui le 11 juin 1920 demanda le retour des archives ducales, demande publiée dans l'
Est Républicain du 16. La Société reçut l'appui de l'Académie de Stanislas, de conseils généraux des Vosges et de Meurthe-et-Moselle ainsi que du Conseil Municipal de Nancy (1922). Raymond Poincaré (un lorrain) était alos Président du conseil et ministre des affaires étrangères. C'est lui qui s'occupa de faire la demande auprès de la jeune République Autrichienne, qui reconnut la demande lorraine légitime. En l'échange d'archives concernant l'Autriche conservées à Vienne (des lettres de Marie-Antoinette, et des papiers concernant les relations entre Vienne et Constantinople), l'Autriche accepta (elle reconnut que François I
er ou III avait "éxagéré") de rendre les archives de Lorraine. En octobre 1923, deux archivistes français (connaisseurs de l'histoire lorraine) allèrent à Vienne pour trier les documents à emporter. Le 12 décembre de la même année, neuf caisses arrivèrent de Vienne à Nancy. Il fallut à partir de ce moment réalisé un inventaire qui à cause de la guerre ne sera fini qu'en 1956, les documents sont classés dans la sous catégorie 3F qui compte 445 numéros contenant des milliers de documents originaux. A ces milliers de documents s'ajoutent les micro-films d'archives restées à Vienne, ce qui évite ainsi les coûteux déplacements jusque Vienne.